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vendredi 27 août 2010

Pierre Fédida

Je pense souvent à Pierre Fédida. C'était l'interlocuteur idéal. Il avait compris le sens de ma démarche, le pourquoi de cette interminable thèse qui me prenait mes jours et mes nuits. Ma passion absolue. Je lui écrivais de loin en loin et le rencontrai rarement mais ça comptait. Je ne vois personne qui pourrait occuper la place qu'il a tenue dans ma vie depuis mes 28 ans jusqu'à sa mort. Parce qu'il entendait. Il savait que ce travail était vital. Inévitable.Ce n'était pas une thèse. Même si un jour le l'ai "soutenue" avec lui dans le jury.
Non, ce n'était pas une thèse. C'était vraiment ma vie.

Depuis plusieurs jours, travail d'extraction harrassant dans le disque dur.
Des milliers de fichiers, d'articles, de livres , l'immense majorité théoriques, commencés, abandonnés.Mais il y a quand même quelques milliers de pages rédigées.
Envie de m'en débarasser.Mais avant, en faire quelque chose.
Ai décidé de dresser au moins un inventaire.
Dans les dix ans qui viennent, je devrais, si tout va bien, publier entre 10 et 15 livres!
Ai décidé d'en commencer plusieurs à la fois (ce que je fais déjà pour les récits).
Le 1er mai 2011, jour de la retraite (de Russie: la somme annoncée est si dérisoire qu'il vaut mieux tout de suite la convertir en roubles: ça fait plus.). Ce jour là, il faut absolument que plusieurs livres soient en chantiers.
Il va falloir trancher dans la masse!
Quand je tire un maillon, tout vient. ça ne va pas être commode.

Gérard Garouste

Ai lu hier soir et ce matin L'intranquille que m'avait conseillé Laurent Varlet. C'est la vie du peintre, Gérard Garouste, qui a connu , outre la peinture, le délire, la douleur de ne pas arriver à vivre et  les hospitalisations en HP...
Parlant de son père:
Il n'avait pas pu faire héro alors il avait fait salaud.
ça sonne bien.
La phrase est approximative, je ne retrouve pas la page, mais c'est ce que çadit. Le texte n'a pas un auteur; il est écrit avec une journaliste.

jeudi 19 août 2010

Maniglier et les palmiers !

Trouvé plusieurs liens vers mon blog sur d'autres blogs où on a retenu ma référence à Maniglier. On parle de "la jolie vue sur les palmiers" de la page d'accueil. Dommage, je les supprimé il y a quelques jours. Maintenant, si on veut des palmiers, il faut aller sur:
 http://www.locationanice.blogspot.com/.
Mais on a retrouvé la glycine qui avait disparu quand les palmiers avaient débarqué.
Devant la table d'écriture.

Sémir Badir, Patrice Maniglier et Arild Utaker...

Soirée délicieuse dans le jardin de Claudine avec Sémir.
Parfait dîner après discussion enthousiasmante à propos de Saussure .Jamais, je n'avais lu Saussure comme le lisent ces trois là! Je commence à comprendre pourquoi JC Coquet émettait des réserves sur la lecture qu'en a faite Jacques Garelli, plus particulièrement dans Le temps des signes. (notre discussion dans le RER il y a presque deux ans au retour du séminaire où mon intervention chez Claudine Normand avait reçu un accueil plus que réservé. J'étais venue parler de phénoménologie du langage à des linguistes, et ma principale référence linguistique était Gustave Guillaume)
Cela ne retire rien à Garelli que je continue à admirer profondément mais cela ajoute à Saussure . Il me semble maintenant seulement que Garelli n'a pas su , sur ce point précis, aller au delà d'un Saussure bien plus pauvre que celui qu'on peut découvrir notamment dans les Ecrits de linguistique générale.'et d'après Sémir aussi dans le CLG quand le relit après tout ça.
Donc reprendre la lecture de Saussure.
Une piste possible vers une articulation (encore!) de la phénoménologie du langage de Richir et Garelli et la linguistique? Et cela permettrait du même coup (ou d'un coup latéral) de reconsidérer les relations de la linguistique, de la philosophie du langage quand elle est phénoménologique "non symbolique" (non, ce n'est pas un paradoxe mais cela demande à être explicité. ), et de la psychopathologie.
Voir ce qui s'est dit au récent colloque de Cerisy consacré à linguistique et inconscient.

Pendant le diner, questions littéraires. Au sujet du récit que j'ai commencé il y a peu de temps: comment trouver la forme adéquate pour ne pas se cantonner dans la quasi caricature "méchante" sans perdre de sa vigueur. L'écriture se tient mieux dans la méchanceté? La dureté? Le cynisme?
La mienne sans doute.Et j'en prend autant dans la figure que les autres, mais les coups qu'on s'inflige à soi même...sont des petits tapotements pour se redonner du coeur à l'ouvrage.

lundi 9 août 2010

Maniglier: sources

Voici les référenes et la présentation par l'éditeur Léo Scheer du livre de Maniglier dont j'ai parlé hier.

La vie énigmatique des signes

Saussure et la naissance du structuralisme
Patrice Maniglier
Editions Léo Scheer
Essais parution 22/05/06
520 pages
30 euros
Montrant que l’« énigme de Saussure » n’est autre que celle des signes eux-mêmes, réalités bizarres, presque fantomatiques, ce livre reconstitue dans toute son ampleur et son actualité la pensée fragmentée du maître du structuralisme.
Le Cours de linguistique générale de Ferdinand de Saussure : texte fondateur, texte mythique, dont se revendiqueront Lévi-Strauss, Lacan, Barthes et tout le mouvement connu - et méconnu - sous le nom de structuralisme. Texte mystérieux, pourtant, rédigé par des disciples après la mort du maître à partir de notes de cours, plein d’obscurités et de contradictions apparentes.
Montrant que cette énigme de Saussure n’est autre que celle des signes eux-mêmes, réalités bizarres, presque fantomatiques, qui vivent d’une vie propre et se transforment à mesure qu’on les utilise, ce livre reconstitue dans toute son ampleur et dans toute son actualité la pensée fragmentée du maître du structuralisme.
On comprend alors comment une obscure découverte linguistique faite dans le silence de Genève à la fin du XIXe siècle a ouvert aux grandes œuvres de la philosophie française des années 50 et 70, de Lévi-Strauss à Deleuze en passant par Foucault et Derrida.
Loin d’être une œuvre d’érudition, ce livre plaide en faveur d’une réouverture des grandes questions du structuralisme. Alors que la vie intellectuelle d’aujourd’hui se complaît dans un rapport ambivalent à cet héritage, hésitant entre fascination désuète et incompréhension agressive, il invite au travail.
Au passage, il nous apprend que parler, c’est toujours parler une langue en train de se transformer. Par les signes, nos pensées nous échappent et se mettent à vivre d’une vie propre - nous entraînant dans une histoire dont nul n’est jamais maître."

Patrice Maniglier encore

J'ai déjà parlé de Maniglier mais pas du livre que je lis ces jours-ci: La vie éngmatique des signes, sous titre:Saussure et la naissance du structuralisme.
Le livre le plus extraordinaire que j'ai jamais lu sur Saussure et qui m'a même amenée à relire le cours de linguistique générale. Une lecture à l'opposée de celle de Michel Arrivé qui malheureusement est souvent la seule référence linguistique de beaucoup de jeunes psys contemporains.
Maniglier entre dans tous les méandres et les contradictions du CLG , mais en fait ressortir un sens particulièrement troublant. Oui, troublant. Qui trouble la pensée. La remobilise.La ravive .La déstabilise mais pas en ce sens médiatique, où il voisine avec par exemple le "décapant." Non, là, on perd vraiment l'équilibre. On prend conscience de tout un pan de la pensée de Saussure qui n'a pas été mis en avant du tout. Il y avait bien eu en 1976 un petit texte de Baudrillard consacré aux anagrammes dans L'échange symbolique et la mort mais Maniglier,c'est autre chose. Baudrillard nous présentait en quelque sorte une folie cachée et peu connue de Saussure. Là, c'est le nerf organisateur de la pensée de Saussure qui est rendu apparent mais au travers d'une lecture mot à mot des notes qui ont été prises par  plusieurs de ses élèves.
J'ai retrouvé la référence à la "nébuleuse" dans laquelle j'avais cru discerner une intuition "phénoménologique" chez Saussure, mais  Maniglier m'a permis de me rendre compte que cette nébuleuse, le fait que l'idée soit indiscernable avant la nomination mais que néanmoins , cette "idée" , ce n'est pas "rien" ,apparait constamment dans le CLG et non pas exceptionnellement comme je l'avais cru. Mais le réel, chez Saussure, réinterrogé par Maniglier, ce n'est pas un "effet de langage", c'est toute la différence avec entre autres,  Michel Arrivé. Pour moi qui travaille à une articulation entre structuralisme et phénoménologie, l'apport de Maniglier est précieux. Les amis de Nice qui ont aussi commencé à s'interroger sur cette  articulation apprécieront ...s'ils ont la patience de lire le texte parce qu'il est très long.
Hein, Alessio?

vendredi 6 août 2010

Ferdydurke (suite)

Ah! J'ai retrouvé mon passage de Ferdydurke!
" Un coq chanta.La première personne à se montrer fut Madame Le jeune, coiffée à la hâte, en robe de chambre cendrée et en chaussons. Elle marchait  avec calme, la tête droite, et sur son visage se peignait une sagesse spéciale , une sorte de sagesse  des installations sanitaires. Elle marchait  même avec un certain recueillement, sous le signe du naturel et de la simplicité, sous le signe de l'Hygiène matinale rationnelle(1). Avant d'entrer à la salle de bain , elle obliqua , le front haut , versz les WC et s'y enferma de façon cultivée, réfléchie , raisonnable et consciente, comme une femme sachant très bien qu'il ne convient pas d'avoir honte des fonctions naturelles. Elle en sortit plus fière qu'elle n'y était entrée! Elle pairaissait fortifiée, éclairée et humanisée, elle sortit de là comme d'un temple grec!"
Il faut à coup sûr lire la suite...

Pourquoi diable certaines de mes collègues me font-elles penser à Mme Lejeune?
(1) c'est moi qui souligne.

Nouveaux romans de...Joëlle Mesnil

J'ai commencé plusieurs récits/romans...
La ville métaphysique
L'homme aux oeufs
Et deux ou trois autres.
ça ne marche pas si bien que le premier publié sous un nom qui n'est pas le mien.
Comme bientôt, je ne travaillerai plus à l'hopital, je pourrais me lâcher.Avancer démasquée. D'ailleurs, je crois que c'est déjà à moitié fait! Là, ils sont gentils, il ne disent rien. Pas devant moi en tout cas.

Réunions à l'hopital de jour.

Le mot le plus employé au cours des réusions: adapté. 
Et bien sûr: pas adapté.
La clinique a intégralement disparu.
On parle des patients avec dérision. Une certaine condescendance. Du mépris qui ne s'avouera jamais.
Les patients font preuve de mauvaise volonté, refusent de s'adapter au cadre.
Le cadre de l'hopital de jour.
Misérable.
Etriqué.
Poussiéreux.
Gaité fadasse.Bonne humeur pleine de bonne conscience. Une collègue me fait penser à une description de Gombrowicz dans Ferdydurke: c'est une femme qui sort des toilettes, droite, le visage lisse et l'air satisfait du devoir acompli...je ne retrouve pas la page.

Un cadre de fonctionnaire pour des fonctionnaires.
Le fils d'une patiente travaille.Bonne nouvelle?
que nenni!
-mais quand même il ne fait que des petits boulots!
Et alors?

L'idéologie dominante est tristement simple et claire: il faut se tenir en tenant une place dans la société, grâce entre autre à un bon travail.
Pas seulement.
Il ne s'agit pas d'avoir des relations amoureuses fluctuantes.
Non il faut de la STABILITE;
Et il faut s'alimenter correctement.
Depuis des mois revient sur le tapis le problème que pose à certains le fait qu'un patient s'achète des livres. Au lieu de s'acheter de la bonne nourriture équilibrée.

Il faut aussi ranger ses affaires.
Parce que attention, sinon, on va de voir faire un signalement.Le désordre attire la saleté et la saleté attire les rats.
...
Après quelques observations factuelles sur un patient: on conclut.C'est monsieur machin.C'est lui! C'est lui tout craché.
Voilà.
On dit beaucoup voilà.
Voilà, veut dire, il n'y a pas à développer, c'est comme ça, on le(la)  connait.Il est toujours. Il est encore.
Pas d'étonnement en vue, de surprise.
Il y a une étude passionante d'un grand linguiste, Henri Adamczewski sur la différence entre voici et voilà. Le premier ouvre, le second ferme. Je ne vais pas entrer dans le dét ail, on peut lire Le français déchiffré (par exemple).
Mardi dernier, accablement. Les collègues se font beaucoup de souci pour leur notes. Il y a eu une sorte d'altercation entre deux "camps", l'un bras droit de la chef de service, l'autre, je ne sais pas. Les jenesaispas s'inquiètent. Pour leurs notes.